ANASIG Communiqué de presse du 28.11.2023
Afterwork social 7.12.2023
Algorithmes et/ou travail social ?
Par Ginette Jones, Assistante sociale, Présidente de l’Entente des offices sociaux
Dans son avis « Travail social et intelligence artificielle » de juin 2019, la Commission « Ethique et déontologie du travail social « du Haut Conseil français du Travail Social présente une analyse pertinente des enjeux de l’utilisation de progiciels dans le travail avec des personnes bénéficiaires des services publics et de services sociaux (hôpitaux, services à domicile, services publics pour l’emploi,…).
Dans les quelques lignes suivantes, il est essayé de traduire les idées maîtresses de l’avis cité sur les réalités luxembourgeoises, et ceci en se concentrant de manière plus exhaustive sur les implications sur les droits de la personne concernée et sur le travail social.
Reconnaître la plus-value de la digitalisation à sa juste valeur
Ayant fait son entrée massive dans les bureaux du Grand-Duché fin des années 1980, le PC a changé et souvent facilité mainte pratique dans le travail de bureau. La transmission à distance des fichiers et dossiers devenait coutume quelques années plus tard par l’émergence du réseau internet.
Facilitant une organisation bureautique ordonnée et structurée, les technologies de l’information et de la communication (TIC) proposent aujourd’hui soit le recours à des logiciels standards monopolistiques ou alors à des logiciels développés sur mesure. Dans cette foulée, des logiciels « made in luxembourgeois » ont été développés pour l’écosystème luxembourgeois par des programmeurs, cette profession proliférante, à la fois géniteur et descendant des TIC.
Proposant des (débuts de) solutions dans le domaine de la santé et des soins, les TIC peuvent donner une nouvelle impulsion à la robotique et la recherche médicales. Des applications de gestion du bien-être individuel et de télé-médecine, parfois encore au stade de gadget « nice to have » aujourd-hui, vont prendre une importance certaine dans la « silver economy », en permettant l’autonomie de vie et le maintien à domicile.
Dans sa brochure « Intelligence artificielle – stratégique », le Gouvernement luxembourgeois dessine le périmètre des réformes et projets visés. Parmi les priorités, le domaine de l’e-santé figure aussi.
KYC – Know Your Customer dans le travail social
Qui l’aurait cru ? Lorsqu’il jeta les bases du travail social centré sur la personne dans l’après-guerre, Carl ROGERS n’a pas imaginé que son argumentation pour appeler le bénéficiaire du travail social « le client, la cliente » gagnera en actualité 70 ans plus tard, et ce dans le contexte de la digitalisation et de la protection des données.
Carl Rogers avait introduit le mot « client » dans le travail social ou thérapeutique pour souligner le rôle actif de la personne bénéficiaire : l’individu seul « sait » ce qui convient le mieux à ses besoins et aspirations. C’est donc à la personne de mener la démarche (thérapeutique). Le travailleur social ne peut en aucun cas se substituer à elle. Le travailleur social n’impose rien, mais accompagne la personne dans son travail d’évolution et de changement. Le défi posé au travail social est d’être présent ou d’agir de telle manière que la personne passe à l’acte. Derrière une attitude qui semble non-interventionniste il y a une attitude idéologiquement neutre, mais qui est la seule capable à motiver la personne à évoluer. Une relation de confiance est nécessaire entre les deux, une relation professionnelle d’empathie et de distance.
Le mot « client » n’est pas utilisé par Rogers et ses adeptes dans un esprit commercial et financier. Empruntant cette expression du domaine commercial et financier, Rogers vise le côté « relationnel », non pécuniaire, entre l’offreur et le demandeur de service. Ce qu’il veut exprimer, c’est ceci : du moment que la personne (le citoyen, la citoyenne) s’adresse à un service public, il est en droit de demander un service de qualité, prenant en compte ses besoins bien spécifiques. Le jugement est remplacé par la neutralité bienveillante.
Depuis quelques années, dans son contact avec les institutions, la personne ayant recours à des services sociaux ou des services de santé et de soins est appelée de plus en plus souvent à répondre à des questionnaires, à livrer son « profil ». Appliqué dans d’autres pays depuis plus longtemps déjà (Angleterre, France p.ex.), le recours aux questionnaires standardisés a fait son entrée également au Luxembourg. Fût-ce lorsqu’elle fait appel aux prestations de l’assurance-dépendance, lorsqu’elle est demandeuse d’emploi ou chômeur indemnisé, la personne livre des données privées et sensibles. De même quand, lors d’une période difficile dans la vie, elle demandera le bénéfice du Revenu d’inclusion sociale (REVIS, anciennement RMG).
Standard versus profil individuel
Le HCTS rappelle « que les personnes accompagnées doivent pouvoir participer pleinement et en toute connaissance de cause à ce qui les concerne, ou ne pas le faire si elles ne l’acceptent pas, sans subir de rétorsion. Il affirme que les travailleurs sociaux ont une fonction spécifique de soutien à leur apporter et de co-construction de projets à réaliser en alliance avec elles »
Est-ce que ceci est toujours le cas au Luxembourg ? Ou est-ce que le risque à remplacer l’expertise sociale par l’évaluation digitale est devenu un danger réel ? Est-ce que le recours aux questionnaires et logiciels a remplacé les besoins sociaux réels en les transformant en besoins éligibles ? Ce qui voudrait dire que seul l’individu qui correspond au profil-type affirmé par la logiciel a droit à une prestation et que la personne qui n’y correspond pas, n’y a pas droit et le cas échéant doit former recours.
Analyse d’impact et droits de la personne
Au Luxembourg, la loi du 1er décembre 1978 et son règlement d’exécution du 8 juin 1979 sur la Procédure Administrative Non Contentieuse (PANC) pose les procédures à suivre par les administrations relevant de l’Etat et des communes.
Ainsi les règles mises en place dans le contact entre l’Etat, ses administrations et la personne doivent aménager dans la mesure la plus large possible la participation de la personne à la prise de décision la concernant. Ceci implique que la personne doit être entendue.
Mais qui l’entendra, lorsque un questionnaire digital remplace l’employé ? Heureusement, nous n’en sommes pas là, mais le danger est réel et existe. Des considérations technocratiques et administratives sont formulées par d’aucuns pour remplacer petit à petit l’accompagnement par un travailleur social ou autre expert par un questionnaire ou une évaluation digitale. Le questionnaire serait objectif, scientifique et ferait gagner du temps. Telles sont des affirmations qui ne sont étayées par aucune démonstration scientifique.
La personne doit pouvoir comprendre l’impact sur sa situation personnelle d’une décision administrative. Suivant le règlement grand-ducal du 8 juin 1979, « …l’autorité qui propose de révoquer ou de modifier d’office pour l’avenir une décision ayant créé ou reconnu des droits à une partie, ou qui se propose d prendre une décision en dehors d’une initiative de la partie concernée, doit informer de son intention la partie concernée en lui communiquant les éléments de fait et de droit qui l’amènent à agir…..Un délai d’au moins huit jours doit être accordé la partie concernée pour présenter ses observations. »
Le RGPD (Règlement général sur la Protection des Données), qui a désormais valeur légale au Luxembourg, prévoit dans son Article 35 la conduite d’une analyse d’impact lorsqu’un traitement de données personnelles est susceptible d’engendrer un risque élevé pour les droits et libertés des personnes concernées. L’étude d’impact est une obligation. Comme suite logique de cette obligation, la personne doit être informée (dans un langage qu’elle comprend et une attitude de confiance) des implications possibles de ses réponses à un questionnaire. C’est ce qu’on appelle « Free, prior and informed consent ». En cas de doute, la personne peut refuser de répondre et ceci ne devrait pas avoir de conséquences négatives sur la suite du traitement de sa demande.
PANC et RGPD combinés sollicitent de la part des acteurs de la politique sociale des procédures transparentes, claires. En général et a fortiori dans les outils digitaux utilisés dans la pratique quotidienne. Ceci est un grand défi pour les acteurs de la politique sociale.
Et la digitalisation des procédures, si elle est menée avec une méthodologie systémique, peut aider à mettre en place les instruments nécessaires.
Il s’agira de :
définir le périmètre des données à saisir et traiter ;
faire une analyse d’impact des procédures pour la situation de la personne ;
développer un langage « simple » dans la communication avec la personne pendant toute la procédure ;
assurer sa place à la personne avant, pendant et après le traitement de sa demande ;
s’entourer de collaboratrices et collaborateurs disposant des expertises nécessaires dans les domaines social, de santé, informatique et juridique.
Et le travail social ?
Donner ou restituer au travail social toute son importance permettra de renforcer la prise en compte des besoins individuels des personnes.
Reconnaître au travail social son rôle fondamental dans le diagnostic des besoins de la personne et assurer l’accompagnement individualisé de la personne dans la con-construction de son projet personnel est la base sur laquelle la présence de la digitalisation peut avoir lieu.
Le digital traduira en digital ce qui est utile, nécessaire et accepté. Dans le respect de la personne humaine. Et dans la reconnaissance du fait que l’algorithme n’est qu’un algorithme. C’est-à-dire
une « suite finie et non ambigüe d’instructions permettant d’aboutir à un résultat à partir de données fournies en entrée » ou « ensemble de règles et d’instructions qui permettent de réaliser une séquence d’opérations pour résoudre un problème. Il peut être traduit en programme exécutable par un ordinateur »
L’humain, dans sa complexité et sa projection dans le futur, est unique et non-prédictible. L’accepter est un acte politique.
L’assistantE socialE est parfois définie comme « généraliste de la personne humaine ». Disposant de savoirs dans les domaines médical, juridique, psychologique, il/elle aura développé dans sa formation une attitude d’empathie telle que décrite ci-dessus et aura recours à des méthodes spécifiques du travail social (notamment l’entretien non-directif) pour accompagner le client dans ses projets de vie.
L’assistantE socialE accepte et utilise l’outil digital dans sa pratique quotidienne. Mais il/elle devra prendre position pour le client lorsque les droits de la personne ne seront pas respectés.
Né en 1903 et décédé en 1983, Carl Rogers, psychologue humaniste américain, axe son travail sur l’accompagnement de la personne dans une attitude de bienveillance, de neutralité, d’empathie. Il est convaincu de la capacité de la personne d’évoluer dans un environnement qui offre à celle-ci les conditions soutenant le changement et l’évolution.
Il n’y a des situations extrêmes qui demandent malgré tout une intervention (certaines maladies graves notamment). Le travailleur social est formé pour reconnaître ces situations.
Rapport, page 19
CNIL, « Comment permettre à l’Homme de garder la main ? Les enjeux des algorithmes et de l’intelligence artificielle », Synthèse du débat public, décembre 2017, page 5
Rodney Brooks, MIT Technology Review, décembre 2017
Les travailleurs sociaux luxembourgeois face à la crise sanitaire
Nous, travailleurs sociaux, sommes en général discrets et faisons notre travail sans beaucoup de publicité. Pendant cette crise sanitaire, nous sommes restés à nos postes tout en adaptant notre présence et notre manière de travailler pour assurer la continuité de nos services. Ces adaptations n’ont pas toujours été faciles et entrainent un certain nombre de challenges et questions.
Les différents services et institutions se sont adaptés rapidement à la crise COVID19, la plupart des travailleurs sociaux interrogés ont travaillé la plus grande partie de leur temps en télétravail. Chez Dominique qui travaille dans un Office social, un roulement a été instauré pendant le confinement pour l’accueil du public, à tour de rôle, sur place à l’Office. L’accueil était réservé à la signature de documents dans le cadre de situations urgentes. Des mesures de sécurité sont observées telles que le nettoyage régulier des éléments en contact avec le public. Ils avaient la chance de disposer d’un guichet vitré à l’accueil avant la crise.
Pour Lis, qui travaille dans l’accompagnement socio-éducatif, le travail est maintenu par mail et téléphone. Une visite de logement a été organisée via vidéo-conférence. Pour le travail de médiation, plus ou moins la moitié des entretiens continuent par Skype, Zoom, WhatsApp…
Elle donne aussi un coup de main dans un Centre de Soins Avancés au sein de l’équipe psy.
Chez Mireille qui exerce dans un service social de Lycée, au début, des permanences ont été organisées mais elle ont été annulées dès la 3ème semaine parce que les élèves ne venaient plus à l’école. Le travail a ensuite été entièrement réorganisé via mail et téléphone. Rien n’était prévu pour une telle situation, c’est donc le téléphone personnel qui a été mobilisé. Tous les services sociaux ne prévoient pas de téléphones portables pour leur personnel. Il a fallu contacter tous les élèves qui ont « disparu » des radars et dont les enseignants n’avaient plus de nouvelles. Beaucoup de ces élèves n’étaient pas connus du service social avant la crise. Cela a compliqué les choses car il s’agissait de créer une relation uniquement par téléphone. La plupart de ces élèves dont on a été sans nouvelles n’avaient pas décrochés mais souffraient soit d’un problème de réseau soit d’un manque de matériel pour accéder aux services à distance. Quand il s’agissait d’un problème matériel, un laptop leur a été envoyé. Pour quelques-uns, il s’agissait réellement d’un problème de démotivation. On peut se poser la question de pourquoi ils n’avaient pas été signalés au service social avant la crise ? Cela n’avait-il pas été diagnostiqué ?
Le contact est aussi maintenu dans les équipes et les institutions via différents systèmes de vidéo-conférences. Ces moyens sont appréciés par les équipes pour échanger et garder le lien.
La question de la signature originale des documents pose parfois problème et beaucoup de travailleurs sociaux ont dû se déplacer pour récupérer une signature importante. Certains ont pu résoudre le problème par le recours aux documents au format PDF. Sous réserve bien sûr que les personnes qui reçoivent les documents disposent du matériel requis.
Dans l’institution de Sarah, notre collègue qui travaille avec les réfugiés, ils ont assuré une présence lors de la 1èRe semaine de confinement. Il y avait beaucoup de travail à ce moment-là mais à partir de la 3èmesemaine, les demandes ont chuté drastiquement. On a noté que les réfugiés se sont montrés très respectueux des consignes et du confinement. Dès la 2ème semaine de confinement, le personnel est passé au télétravail et certains collègues ont été transférés vers d’autres services qui étaient en manque de personnel. Ils ont aussi mis en place des réunions en ligne et peuvent mobiliser leurs traducteurs par ce moyen quand c’est nécessaire.
Les personnes qui bénéficient de leurs services se sont montrées très respectueuses du confinement, sensibilisées et très compréhensives. C’est un constat partagé par les autres assistants sociaux, on a d’ailleurs pu constater la même chose en général avec les migrants de nos différents services. On constate malheureusement aussi que les réfugiés ont souffert d’un plus haut taux d’infection. Une page spéciale sur Facebook a été instaurée par le service pour les réfugiés en arabe et tigrigna pour faire passer les informations importantes sur les mesures décidées par le gouvernement. Cela a bien fonctionné.
Elton travaille au sein d’un Office social. Son institution s’est d’abord divisé en 3 équipes réparties sur leurs différents sites. Ensuite tout le monde est passé au télétravail. Le lien est assuré par des réunions en visioconférence. Le plus difficile actuellement, c’est l’accompagnement à distance des clients. Surtout quand il s’agit de nouvelles personnes. La communication à distance est plus compliquée. Difficile de bien se faire comprendre et d’expliquer sans se voir face à face. Comment se passer du non verbal pour identifier ce que l’autre veut nous dire, être certain d’avoir compris sa demande ?
Fabrice exerce quant à lui dans un service de santé mentale avec des jeunes. Dans son service, on travaille un jour sur deux en présentiel. Ce qui lui a semblé difficile, ce sont les règles parfois trop rigides qui ont été mises en place à certains endroits, sans concertation. Les jeunes de son service n’avaient par exemple même plus le droit d’aller dans la cour et ce pendant deux semaines. Les contacts avec les parents sur le site ont été prohibés et remplacés par des contacts via Skype.
Pour Mich qui travaille dans un service de logement social, ce qui était compliqué à gérer c’étaient les déménagements prévus de personnes qui quittent ou prennent possession de leur logement social. On essaye de se limiter aux urgences et de réduire au maximum les contacts en préparant les états des lieux à l’avance sans les clients par exemple. On tente de garder le contact avec tous les locataires par téléphone pour vérifier que tout se passe bien. Un client âgé qui n’a pas de téléphone et dont les lieux de vie importants ont été fermés, comme son café habituel, a posé un challenge supplémentaire. Il ne répond pas toujours à la sonnette non plus. C’était déjà un problème avant la crise, la crise rend davantage visible une situation en équilibre instable.
Par rapport à la question de savoir si certaines personnes de nos publics sont plus abandonnés ou en difficulté qu’avant, nous nous demandons si c’est vraiment le cas ? Cette crise ne fait que mettre en lumière des problèmes qui existent toute l’année en temps normal et qui ne choquent pas ou plus les gens d’habitude. Est-ce que par exemple les enfants des familles en difficulté reçoivent une aide particulière pendant les grandes vacances ou ils sont aussi livrés à eux-mêmes ? Est-ce que cela ne remet pas en lumière des problèmes de fond ?
Photo by Pille-Riin Priske on Unsplash
Message d’une de nos membres concernant la pétition “Instauration d’un droit au télétravail” – Pétition 1556
« Den 19/04/2020 ass eng Petitioun an der Chamber deposéiert ginn betreffend “Instauration d’un droit au télétravail” – Pétition 1556 –https://www.chd.lu/wps/portal/public/Accueil/TravailALaChambre/Petitions/SignerPetition
* Wann Interesse bei verschiddenen Berufskollegen/innen do ass, dat den administrativen/konzeptuellen/reflexiven Volet vun der Sozialer Aarbecht zukünfteg deels am Kader vum Télétravail kann gemaach ginn – opgrond vun positiven Erfarungen, hisiichtlech dem Bien-être au travail an der Qualité vum travail,oder/an,
* Wann een dofir ass dat zukünfteg manner Autoen op der Strooss sollen ënnerwee sinn mat allen positiven Konsequenzen fir Trafic an Ëmwelt, wollt ech froen des Petitioun ze ënnerstëtzen an den Link vun der Petitioun un all interesséiert Léit weiderzeleeden. Ech soen Merci am viraus.
Mbg,
Nadine Adams »
Invitation – Questionnaire sur la crise COVID19 et le travail social à Luxembourg
Questionnaire sur les défis éthiques, les challenges et les réussites expérimentées par les travailleurs sociaux luxembourgeois pendant la pandémie COVID-19, proposé par l’Association Nationale des Assistante)s Sociaux et Infirmier(e)s gradués du Grand-Duché de Luxembourg, l’ANASIG.
Nous vous invitons à partager votre expérience pour évaluer quels sont les besoins des travailleurs sociaux pendant cette crise COVID-19 au Luxembourg, ce qui a fonctionné, ce qui vous a manqué et ce qui sera utile pour l’avenir.
Ce questionnaire est entièrement anonyme et son traitement restera strictement à usage interne.
Lien vers le questionnaire en ligne :
Information importante concernant la santé mentale en période de crise COVID19
Madame, Monsieur, Cher(e) collègue, Nous avons le plaisir d’annoncer que le site covid19-psy.lu est désormais disponible en trois langues. Dorénavant les internautes trouveront des informations utiles sur la santé mentale en période de crise sanitaire en langues française, allemande et anglaise. Les citoyens ainsi que le personnel de santé y trouveront les contacts des services de soutien, des recommandations pour préserver sa santé mentale ainsi que des réponses à des questions fréquemment posées. Une rubrique pour les professionnels de santé est disponible et sera actualisée régulièrement sur le site. La crise sanitaire actuelle met en effet les soignants face à de nouveaux défis pour favoriser le bien-être mental et psychosocial des patients. Le personnel soignant au contact avec des malades atteints par la COVID-19 est par ailleurs exposé à des situations stressantes, voire traumatisantes : risque de contamination, patients en détresse, surcharge de travail et nouvelles procédures s’ajoutant pour certains à des difficultés personnelles. Tout cela peut fragiliser l’équilibre émotionnel du soignant. Nous comptons sur vous pour diffuser largement l’existence du site covid19-psy.lu et restons à votre disposition pour répondre à des questions éventuelles. Lien vers le site : www.covid19-psy.lu |
Dr Fränz D’Onghia PhD Chargé de Direction Docteur en Psychologie |
Déclaration de l’ANASIG sur la crise COVID19
L’Anasig salue et remercie tous les travailleurs sociaux et travailleurs de 1ère ligne mobilisés pendant cette crise du COVID19. Nous assistant(e)s socia(ux)ales sommes des travailleurs discrets, souvent des travailleurs de l’ombre mais toujours présents aux côté des plus fragiles tout au long de cette crise. Même si cette présence a dû en partie prendre d’autre formes, même si nous avons du réduire nos services, travailler davantage à distance, nous sommes toujours là pour nos bénéficiaires. Cette crise a demandé des sacrifices à certains d’entre nous et des adaptations pas toujours évidentes. Nous en sommes en conscient et essayons de relayer vos demandes du terrain le mieux possible. Tant que cette crise n’est pas derrière nous nous devons collaborer à la diffusion des informations utiles et assurer notre protection et celles des personnes que nous rencontrons au travers de nos emplois. Nous travailleurs sociaux sommes un élément clé dans la diffusion des réflexes de prévention et de protection de tous.
Après cette crise, nous nous montrerons vigilants afin que nos bénéficiaires et nos collègues ne soient pas oubliés et que la solidarité ne s’arrête pas quand nous en aurons le plus besoin. Nous devons rester vigilants sur la protection de notre système de santé et de protection sociale dont nous avons hérité et qui nous a été utile durant cette crise. Les conséquences de cette crise ne doivent pas être portés uniquement par les plus défavorisés et par les victimes de cette crise. Nous aurons sans doute besoin de toutes les bonnes volontés pour affronter les conséquences sociales de cette crise.
Déclaratioun vun der ANASIG zu der COVID-19 Kris
D’Anasig begréisst a seet Merci all deene Sozialaarbechter/innen an Intervenants’en aus der éischter Rei déi während der COVID-19 Kris mobiliséiert sin. Mir Sozialaarbechter/innen sin diskret, schaffen oft am Hannergrond an sin dach emmer präsent un der Sait vun deenen Schwächsten och an deser Kris. Och wann déi Präsenz deels aner Formen huet missten unhuelen, och wann mir eis Servicer deels missten reduzéieren andeems mir méi op Distanz hun missten schaffen, sin mir emmer nach fir eis Bénéficiairen do. Déi heiten Kris huet muncher vun eis Opfer ofverlaangt an och Upassungen déi net emmer sou einfach woren. Mir sin eis dees bewosst an versichen, är Ufroen aus der Praxis esou gudd wéi méiglech weiderzeleeden. Soulaang des Kris net gemeeschtert as sollen mir bei der Verbreedung vun netzlechen Informatiounen zesummenschaffen an eise Schutz, an den Schutz vun de Menschen déi mir duerch eis Aarbecht begéinen, secherstellen. Mir Sozialaarbechter/innen sind d’Schlesselelement bei der Verbreedung vun de präventiven Reflexer zum Schutz vun ons all.
No deser Kris wärten mir wachsam sin, fir dat eis Bénéficiairen an eis Kollegen net vergiess gin an fir dat d’Solidaritéit net ophéiert wann mir se am meeschten bräuchen. Mir mussen wachsam bleiwen, fir eis geiewtent Gesondheets – an Sozialschutzsystem ze schützen dat ons an deser Kris immens gudd Dengschter geleescht huet. D’Suiten vun der Kris därfen net eleng von deenen am stärksten Benodeelegten an den Opfer vun der Kris gedroen gin. Mir wärten zweifelslos all gudde Wëllen bräuchen deen mir opbrengen kennen, fir matt den sozialen Folgen vun deser Kris eens ze gin.
Prise de décision éthique face au COVID-19 pour travailleurs sociaux
7 avril 2020, adapté en français depuis la publication de l’IFSW
La crise COVID 19 met les travailleurs sociaux au défi dans le monde entier alors qu’ils continuent d’exercer leurs fonctions professionnelles. Même dans des situations de confinement, de nombreux professionnels envisagent de ou doivent rencontrer des clients dans leur communauté, dans leurs bureaux ou travaillent à proximité de clients dans d’autres types de contextes tels que les écoles et les hôpitaux. Dans un contexte de pénurie de ressources et dans de nombreux endroits un manque d’équipement de sécurité, les travailleurs sociaux doivent prendre des décisions difficiles concernant les contacts en personne avec leurs clients. Nos principes éthiques peuvent servir de boussole pour guider vos délibérations.
Téléchargez ici le document PDF (en anglais)
Il est important de noter le principe éthique 3.4 : les travailleurs sociaux doivent être conscients des situations qui pourraient menacer leur propre sécurité et ils doivent faire des choix judicieux dans de telles circonstances. Les travailleurs sociaux ne sont pas obligés d’agir quand cela les mettrait eux-mêmes en danger . À l’heure actuelle, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Center for Disease Control (CDC) ont indiqué que le COVID-19 est très contagieux mais que les pratiques préventives peuvent réduire vos chances de l’attraper et également protéger ceux qui vous entourent.
Les travailleurs sociaux peuvent réduire leurs risques d’être infectés ou de propager COVID-19 en prenant quelques précautions simples recommandées par l’OMS:
- Nettoyez régulièrement et soigneusement vos mains avec un désinfectant à base d’alcool ou lavez-les à l’eau et au savon.
Pourquoi? Se laver les mains à l’eau et au savon ou utiliser un désinfectant à base d’alcool tue les virus qui peuvent se trouver sur vos mains. - Maintenez une distance d’au moins 2 mètres (6 pieds) entre vous et les autres et plus de distance si quelqu’un tousse ou éternue.
Pourquoi? Lorsqu’une personne tousse ou éternue, elle pulvérise de petites gouttelettes liquides de son nez ou de sa bouche qui peuvent contenir le virus. Si vous êtes trop près, vous pouvez respirer les gouttelettes, y compris le virus COVID-19 si la personne qui tousse a la maladie. - Évitez de vous toucher les yeux, le nez et la bouche.
Pourquoi? Les mains touchent de nombreuses surfaces et peuvent attraper le virus. Une fois contaminées, les mains peuvent transmettre le virus aux yeux, au nez ou à la bouche. De là, le virus peut pénétrer dans votre corps et vous rendre malade. - Assurez-vous que vous et les personnes qui vous entourent suivez une bonne hygiène respiratoire. Cela signifie vous couvrir la bouche et le nez avec vos coudes ou vos tissus pliés lorsque vous toussez ou éternuez. Jetez immédiatement le tissu utilisé.
Pourquoi? Les gouttelettes propagent des virus (ou le virus). En suivant une bonne hygiène respiratoire, vous protégez votre entourage des virus tels que le rhume, la grippe et le COVID-19. - Restez à la maison si vous ne vous sentez pas bien. Si vous avez de la fièvre, de la toux et des difficultés respiratoires, consultez un médecin et appelez à l’avance. Suivez les instructions de votre autorité sanitaire locale.
Pourquoi? Les autorités nationales et locales disposeront des informations les plus récentes sur la situation dans votre région. Un appel à l’avance permettra à votre fournisseur de soins de santé de vous diriger rapidement vers le bon établissement de santé. Cela vous protégera également et aidera à prévenir la propagation du virus ou des autres infections. - Restez à jour sur les derniers hotspots COVID-19 (villes ou zones locales où le COVID-19 se propage largement).
Pourquoi? Vous avez plus de chances d’attraper COVID-19 dans les hotspots.
(Téléchargé sur le site Web de l’OMS, 1er avril 2020.)
Face à la décision d’avoir ou non un contact en face à face avec les clients, les travailleurs sociaux devraient être guidés par la manière de garantir la sécurité de toutes les personnes. Lorsque les travailleurs sociaux rencontrent des clients, ce n’est pas seulement eux et leurs clients qui sont mis en danger, il y a aussi un risque d’infecter de nombreuses autres personnes, car le travailleur social et le client auront probablement des contacts avec de nombreuses autres personnes
Les questions suivantes pourraient aider à guider les travailleurs sociaux à résoudre le dilemme de l’équilibre entre les directives de santé publique et les obligations éthiques envers les clients.
- Existe-t-il une politique, des consignes institutionnelles qui a ont été élaborés pour aider à déterminer comment pratiquer en toute sécurité pendant cette période de pandémie de COVID-19? (Si ce n’est pas le cas, envisagez de plaider pour l’élaboration d’une telle politique. Aucun professionnel ne devrait avoir à prendre individuellement une décision sur le risque. Réfléchissez à la meilleure façon d’exprimer vos besoins de manière professionnelle et éthique.)
- Si un contact client-travailleur est jugé nécessaire par vous et votre équipe, que pouvez-vous faire pour réduire la possibilité de contracter ou de propager le virus?
- Avez-vous accès aux mesures de protection dont vous auriez besoin pour établir un contact en personne aussi sûr que possible (par exemple, masque, gants appropriés, capacité de lavage / désinfection des mains, capacité de désinfecter l’espace de bureau ou la voiture).
- Dans les situations où aucun EPI n’est disponible, existe-t-il un autre moyen de réaliser une intervention de travail social sans contact client-travailleur?
- Outre les mesures de protection à prendre, quels risques supplémentaires peuvent exister? En ce qui concerne le transport, que ce soit en transports en commun ou en voiture, quels protocoles de sécurité votre institution ou équipe a-t-elle mis en place pour les situations où les travailleurs sociaux travaillent à moins de 2 mètres les uns des autres? (Veuillez noter qu’il existe un consensus général selon lequel un masque doit être porté lorsque vous travaillez à une telle proximité).
Dans le cas où votre organisation, votre employeur insiste sur le fait que vous devez voir vos clients en personne, quoi qu’il arrive, vous avez le droit d’articuler les principes éthiques de l’IFSW, en particulier le principe 3.4, Contester les politiques et pratiques injustes, qui stipule que : les travailleurs sociaux s’efforcent d’apporter à l’attention de leurs employeurs, décideurs, politiciens, les situations publiques dans lesquelles les politiques et les ressources sont inadéquates ou dans lesquelles les politiques et pratiques sont oppressives, injustes ou nuisibles. Ce faisant, les travailleurs sociaux ne doivent pas être pénalisés.
Les travailleurs sociaux doivent être conscients des situations qui pourraient menacer leur propre sécurité et leur sécurité et ils doivent faire des choix judicieux dans de telles circonstances. Les travailleurs sociaux ne sont pas obligés d’agir quand cela les mettrait en danger. Votre stratégie de prise de décision devrait également inclure l’intégration de votre code national d’éthique, ou code de déontologie ainsi que la recherche d’avis éthiques, médicaux, juridiques et autres, le cas échéant.
Si, après avoir soigneusement réfléchi à vos décisions et aux circonstances organisationnelles liées au service à vos clients, vous avez déterminé qu’il est nécessaire d’avoir un contact en personne avec votre client, assurez-vous de faire tout ce que vous pouvez pour suivre les directives qui sont approprié au contact en personne que vous prévoyez d’avoir.
Une dernière note à examiner concerne le principe 9.6 : Les travailleurs sociaux ont le devoir de prendre les mesures nécessaires pour prendre soin d’eux-mêmes sur le plan professionnel et personnel sur le lieu de travail, dans leur vie privée et dans la société.
Pour savoir comment d’autres travailleurs sociaux dans le monde réagissent au virus COVID-19, veuillez visiter le site Web de l’IFSW.
Préparé par Kathryn Conley Wehrmann, Ph.D. LCSW
Responsable de l’information IFSW Corona Virus